L’histoire de Saloni Milano
Je me souviens exactement de ce soir-là, en novembre 2022. C’était une soirée comme une autre, je m’étais installée pour regarder un documentaire, sans savoir que ce moment allait tout changer. Je ne m’attendais pas à ce que je découvrirais, je ne pensais pas que ça allait me toucher à ce point. J’ai vu des rivières noires, des terres brûlées, des champs de coton où rien ne poussait plus, des gens qui travaillaient jusqu’à l’épuisement, des enfants qui n’avaient pas d’autre choix que de travailler, des femmes broyées par un système qu’elles ne pouvaient pas fuir. Et tout ça… tout ça pour que nous puissions acheter des vêtements à prix cassés, des vêtements que nous jetons dès qu’ils ne sont plus « tendance ».
Ce n’était plus juste des chiffres, des faits distants qu’on entend dans les cours d’économie ou dans des conférences. C’était des vies humaines. Des vies qu’on piétine à chaque achat impulsif, à chaque vêtement « jetable ». J’ai eu l’impression qu’un voile se déchirait en moi, comme si je venais de me réveiller d’un long sommeil, et je me suis retrouvée face à une vérité brutale.
Je me suis sentie honteuse. Comment ai-je pu fermer les yeux pendant si longtemps ? Comment ai-je pu participer à ça, même inconsciemment ? Moi qui ai toujours adoré la mode, la beauté des tissus, l’âme d’un vêtement… Comment ai-je pu ne jamais me demander d’où venaient ces vêtements, qui les fabriquaient, dans quelles conditions ? À quel prix ?
Ce soir-là, j’ai compris que la mode, ce que je croyais être une passion, était aussi une industrie cruelle. Et ça m’a bouleversé. C’est comme si, d’un coup, tout devenait clair. Je ne pouvais pas ignorer ça. Je ne pouvais pas faire semblant que tout allait bien, que tout était beau, qu’il suffisait de s’extasier devant un joli défilé ou une nouvelle collection. Je ne pouvais plus juste aimer la mode.
Je devais aussi l’aimer d’une autre manière, plus juste, plus humaine. Et je me suis dit : Je vais créer quelque chose. Quelque chose qui a du sens. Quelque chose qui donne une voix à ceux qui n’en ont pas. Quelque chose qui fait une différence.
Au début, j’étais perdue. Je savais ce que je voulais créer, mais je n’avais aucune idée de ce à quoi ça ressemblerait. Je n’avais pas le plan parfait, je n’avais pas toutes les réponses, mais une chose était claire : je ne pouvais pas laisser cette prise de conscience se dissiper comme une vague dans la mer. Elle devait être le moteur de ma vision. Chaque couture, chaque tissu, chaque design de Saloni devait porter une histoire, un message, un engagement. Parce que chaque vêtement a une âme, chaque création raconte quelque chose. Et à partir de ce jour-là, je voulais que cette histoire soit sincère, juste, et profondément humaine.
J’ai mis deux ans à imaginer ce projet. Deux ans à repenser ce que pourrait être une marque de mode, une marque qui n’ignore pas ce qui se cache derrière chaque vêtement. Une marque qui respecte l’humain, la planète, mais aussi la beauté et la créativité. Parce que, oui, je suis une amoureuse de la mode. Mais je ne pouvais plus me contenter de créer sans conscience. Et je suis convaincue que Saloni est cette réponse : un espace où la mode et l’éthique se rencontrent, où chaque créateur a une voix et une histoire à raconter, où chaque choix a du sens. Parce qu’on peut être élégant, et juste. On peut être créatif, et responsable.
Et maintenant, chaque fois que je pense à cette réalité, à cette conscience que j’ai eue ce soir-là, je me dis : Je ne peux pas revenir en arrière. Je ne peux pas participer à ce système qui détruit tout ce que j’aime, tout ce que je respecte. Et c’est pour ça que Saloni existe. Parce que la mode ne doit pas être un luxe éphémère, mais un choix réfléchi. Un choix qui respecte ceux qui la créent et ceux qui la portent.